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On s’était dit rendez-vous dans dix ans… (la suite)

30 Déc 2014, Posté par B.Galimand dans A la une, Société

Alors que la revue Archimag publiait dans son magazine d’octobre dernier la liste des éditeurs de solutions de veille ayant franchi le cap des dix ans, nous avons trouvé intéressant de se prêter au même exercice mais, cette fois-ci avec les sociétés de conseil en veille.

Et comme Viedoc [dont le cœur de métier reste toujours l’analyse des informations à forte valeur ajoutée par une équipe de consultants experts même si les outils de veille remportent aujourd’hui un réel succès] a soufflé ses 10 bougies elle aussi en septembre dernier, l’opportunité était trop belle pour la laisser passer !

En effet, même si de gros progrès ont été faits dernièrement sur les outils de veille avec notamment l’arrivée de nouvelles solutions plus simples et plus accessibles, il est toujours utile de replacer l’humain et sa capacité d’analyse au cœur du processus.

Il est vrai que la crise économique est passée par là et le métier de veilleur a subi lui aussi de profondes modifications!

Au cours de ces 10 dernières années, un grand nombre de prestataires en veille a tout bonnement disparu, d’autres se sont délocalisés, d’autres encore se sont diversifiés (community management, e-réputation…) ou ont évolué vers d’autres activités comme le financement de l’innovation, et l’accompagnement de projets.

 

2004 : un marché porté par la veille !
En 2004, le marché du conseil en intelligence économique qui regroupait une centaine de cabinets était estimé à 125 millions d’euros. Le segment de la « veille » était alors le plus développé.Dans ce domaine, les principales demandes des clients concernaient de façon classique la « surveillance de leur environnement », c’est-à-dire la veille technologique, stratégique ou concurrentielle.La typologie de la clientèle des cabinets de veille

A elle seule, l’activité « veille » concentrait ainsi 54 % des effectifs des cabinets spécialisés dans l’intelligence économique. Les cabinets présents sur ce créneau étaient structurés en deux catégories : les « spécialisés » et les « généralistes ».Les domaines de compétences des cabinets de veilleLa clientèle de ces cabinets était majoritairement issue des grandes entreprises. Les entreprises privées de 500 salariés et plus représentaient en effet 57 % de la clientèle en intelligence économique, et les pouvoirs publics 20 %.

2004-2014 : l’avènement de l’é-réputation et du collaboratif !
Avec le développement de l’intelligence économique en France, les problématiques de la veille concernent désormais tout le monde : État, collectivités et entreprises de toutes tailles.

De nouvelles exigences ont fait leur apparition avec le décollage de l’e-réputation, la mobilité et le collaboratif. Chacun peut désormais disposer d’outils pour faire sa propre veille, mais la difficulté réside à présent dans l’abondance des sources d’information et des données, ainsi que dans la multiplication des moyens de surveillance du web et de traitement de l’information.

Aujourd’hui le marché de la veille (éditeurs de solutions de veille et cabinets de conseil en prestations intellectuelles) se trouve stimulé par l’e-réputation et la veille commerciale. Une des grandes tendances repose sur le collaboratif avec l’émergence des réseaux sociaux d’entreprise (RSE) qui permettent de partager la veille avec l’ensemble des collaborateurs de la société pour aboutir à une intelligence collective et amélioration de la qualité des prises de décisions.Enterprise Social NetworkLe Groupe Serda avait déjà fait ce même constat dès 2010. La croissance du marché de la veille était déjà portée par les activités d’e-réputation (+32% sur l’année) et les activités de veille stratégique (+13%) tandis que les activités de veille technologique avaient souffert d’une baisse de 11,7%. Ces tendances se sont confirmées par la suite. En effet, d’après une étude de Press Index, les recherches en e-reputation sur les réseaux sociaux ont augmenté de 37% de 2011 à 2012, et de 16% sur le web éditorial.

 

Ainsi, au moment où l’enjeu de la veille en temps réel tend à faire oublier l’importance de l’analyse à forte valeur ajoutée, la veille semble se détourner de la R&D pour se rapprocher du marketing.

Il y a quinze ans, la veille technologique représentait 80% des études. Aujourd’hui, la veille technologique se fait plus discrète. Selon une étude récente sur les pratiques européenne d’intelligence économique (CiMI.com 2014), les veilleurs et analystes travaillent au profit du service marketing à 38% alors que le service R&D ne représente plus que 4%. De là, à faire le lien avec la baisse de nos entreprises au palmarès de l’innovation, il n’y a qu’un pas !

Avec le recul de la veille technologique et une offre d’outils qui revendiquent des pseudo-capacités d’analyse, n’est-on pas en train de perdre de vue la compétence métier. La question doit être posée.

Une chose est sûre, ne pas prendre le risque d’innover en temps de crise est un grand risque. Bien que la réduction d’un budget alloué à la R&D ait des effets positifs à court terme, les risques encourus pourraient être importants à moyen et à long terme pour une entreprise. En effet, le ralentissement dans le lancement de nouveaux produits pourrait déboucher sur le vieillissement des gammes de produits, et par conséquent, une perte inéluctable des parts de marché, car les clients opteront pour des marques plus novatrices.

In fine, c’est l’image de marque qui se trouve altérée, et à la fin de la crise, l’entreprise aura beaucoup de mal à rattraper son retard en termes d’innovation. Il est donc fort à parier que cette baisse de l’activité de veille technologique dans les entreprises n’est que temporaire, et probablement due au manque de visibilité des dirigeants quant à la sortie de crise.

Des perspectives de développement en France
Dans le Global Market Intelligence Survey 2013 menée par RV Conseil avec l’ensemble du réseau Global Intelligence Alliance, la France apparait comme largement en dessous de la moyenne mondiale en termes de dispositifs de Market Intelligence. Seulement 39% des entreprises en France disposeraient déjà d’un dispositif formel de MI, contre 68% au niveau mondial.

Aussi, même si les prestataires de services sont confrontés depuis quelques années à un ralentissement économique dû à la crise, il existe un potentiel de développement significatif pour ce marché…