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Après un peu plus d’un mois, nos partenaires et nous avons pratiquement doublé le nombre d’innovations recensées par l’opération « innovscovid19 ». Aussi, il nous paraissait intéressant de procéder à une mise à jour de l’infographie réalisée le 30 avril dernier afin d’esquisser quelques tendances sur des sujets qui prennent de l’ampleur ou dont l’intérêt décline.

Nous remarquons donc qu’au niveau du thème de la lutte contre la contamination, une forte augmentation des innovations touchant le domaine de la distanciation sociale ou du cloisonnement s’est produite (+12%). Cela est cohérent alors que, à des rythmes et modalités différentes, les pays touchés par l’épidémie sont passés, sur la période considérée, d’une phase confinée à un déconfinement progressif.

Pour ce qui est du domaine de l’assistance au corps médical, ce sont surtout les équipements de personnels médicaux et paramédicaux qui connaissent une progression de 5%, ainsi que les appareils médicaux hors respirateurs. Les autres sous-thèmes gardent des niveaux moindres mais relativement proches de ceux d’il y a un mois.

Pour ce qui est de la surveillance des paramètres de santé des patients, les capteurs au contact connaissent une forte progression (+15%) alors que les deux autres catégories (capteurs sans contact et tests du covid-19) ont été relativement moins vecteurs d’innovations (respectivement -8 et -7%).

Enfin, les données relatives à l’hygiène restent assez comparables aux précédentes.

Retrouvez toutes les innovations identifiées en accès libre sur www.innovscovid19.com !

Depuis le 7 avril 2020 que nous identifions les innovations propres à lutter contre le Covid-19 et à s’adapter aux désagréments qu’il suscite, nous avons constaté qu’un des sujets les plus récurrents est le masque, qu’il s’agisse de la protection individuelle des soignants, des autres professionnels ou du grand public.

Une analyse synthétisée dans l’infographie ci-dessus rend compte du poids prépondérant des avancées technologiques, qui constituent près de la moitié des masques innovants que nous avons recensés. Les aspects du développement durable inspirent aussi largement, alors que l’intérêt pour le confort laisse présager que certain ont identifié que l’usage des masques va perdurer, peut être au-delà de la crise dans sa phase aigüe. Enfin, s’ils sont encore très minoritaires, les masques permettant de détecter les charges virales ou la santé des patients nous semblent présenter un champ intéressant pour la surveillance de la santé des personnes.

En date du 02 juin, notre initiative de veille solidaire #InnoVSCovid19 vient de dépasser les 400 innovations identifiées pour faire face à la crise et préparer l’après. Retrouvez les en accès libre sur https://bit.ly/2BiScWx et n’hésitez pas à partager. Vous pouvez également nous faire part des innovations manquantes via Twitter : #InnoVSCovid19.

Notre façon de participer à la lutte contre l’épidémie a été de mettre à disposition de tous, dès le 7 avril dernier, un « mur » d’actualités dédié aux innovations relatives à la lutte contre le COVID-19. Les innovations ne concernent pas le périmètre de la recherche médicale, mais s’adressent essentiellement aux acteurs de la santé, aux industriels et aux agents économiques dans leur approche quotidienne des nouveaux gestes et systèmes sanitaires.

Nous avons choisi de catégoriser toutes ces innovations selon 4 items :

  • Lutte contre la contamination : masques, traçage des personnes contaminées, systèmes de distanciation, etc.
  • Surveillance santé : capteurs de biométrie sur peau, capteurs de température à distance, tests de dépistage, etc.
  • Assistance au corps médical : équipements de protection individuelle, nouveaux systèmes d’accueil des patients, robotique hospitalière, etc.
  • Amélioration de l’hygiène : amélioration pour le lavage des mains, pour la désinfection des lieux publics et privés, revêtements antimicrobiens, etc.

L’infographie suivante, réalisée le 30 avril 2020 après un peu plus de 3 semaines de mise en ligne, donne un aperçu des volumes et types d’innovations qui ont été recensées dans le monde.

Un grand merci à nos partenaires qui nous ont aidé à faire progresser cette action et qui participent !

N’hésitez pas à partager le mur (https://bit.ly/2UVWTgn) et à nous faire part des innovations que vous souhaitez y voir figurer via Twitter : #InnoVSCovid19.

De façon purement rhétorique, il est aisé de comprendre pourquoi la lutte contre une fake news est un leurre : il est impossible d’empêcher quelqu’un de croire en une information (cf. les débats qui ont fait suite au concept de « déradicalisation » pour aboutir in fine à la non pertinence de cette notion). En revanche, il est possible d’empêcher des sources de diffuser une information (qu’elle soit d’ailleurs vraie ou fausse) : cela constitue en soi une forme de censure. Il est également possible de supprimer des canaux de communication vers les tiers, ou même de noyer l’information parmi des informations contradictoires de même nature afin d’en faire perdre la puissance de persuasion.

En tant que professionnels de l’information, nous nous devons d’avoir les idées claires sur ce que nous manipulons au quotidien. Cet article a pour but de mieux comprendre comment considérer les informations qualifiées de « fake news » ou « infox », alors que cette notion est souvent employée pour disqualifier un adversaire plutôt que pour rétablir une vérité.

Cet article vise également à expliquer en quoi l’information n’a de valeur que parce que celle-ci lui est attribuée par le récepteur. Celui-ci dispose de sa culture (scientifique et non scientifique), ses croyances (idéologiques ou religieuses) et ses biais cognitifs pour valider ou non ladite information.

Internet a brouillé les pistes

La théorie de la communication désigne comme information le message qui transite entre un émetteur et un récepteur par le biais d’un canal de transmission.

Internet est un canal particulier, puisqu’il constitue une plateforme d’échange d’informations qui ne fait a priori pas de distinction entre les différents statuts des informations qui sont véhiculées, de même qu’une route n’est pas capable d’analyser quels sont les véhicules qui l’empruntent. Ainsi des informations de diverses natures pourront librement se diffuser : faits, théories scientifiques, opinions, avis, humeur, sentiment, hypothèses, connaissances, croyances, arguments étayés, arguments de « bon sens », propositions commerciales, statistiques, etc.

Par construction, Internet ne permet pas d’affecter une « métadonnée » de statut (à savoir de catégoriser parmi des types d’informations possibles) à l’information qui y transite. C’est donc au niveau de la personne qui reçoit l’information, et quelquefois du site qui met à disposition l’information, que ce statut est attribué, plus ou moins consciemment. Mais compte tenu de la complexité des informations qui sont en jeu, et quel que soit son niveau d’éducation, il est souvent très difficile de distinguer clairement un fait d’une autre catégorie d’information, dès lors que l’on n’est pas en prise directe ou témoin de celui-ci. Par ailleurs, qu’est-ce qu’un fait ? La proposition : « Flat Earth Society pense que la terre est plate » est un fait (on ne peut pas démontrer qu’ils ne le pensent pas et leur croyance est probablement souvent de bonne foi), alors que la proposition « La terre est globalement sphérique même si aplatie aux pôles » est un autre fait. Ce qui différentie ces deux propositions est que la première porte sur une opinion alors que la seconde porte sur une vérité scientifique issue d’un protocole. Mais dans les deux cas, c’est celui qui reçoit l’information qui va accorder ou non du crédit à la proposition globale.

La source et le recoupement

Se pose nécessairement la question du degré de confiance que l’on peut avoir dans l’information. Deux niveaux sont alors utilisés pour consolider cette confiance, bien connus des milieux traditionnels du Renseignement : la confiance dans la source d’information et la confiance dans l’information en tant que telle.

La confiance dans la source d’information repose le plus souvent sur une position sociale de la source : à ce stade, il n’est pas question de vérité mais d’autorité. Ainsi, le récepteur de l’information accordera son crédit à l’émetteur de façon plus ou moins inconditionnelle de par l’expérience des informations précédemment transmises et qui se sont révélées plausibles à l’usage. Dans le cas d’une croyance, on a affaire à une autorité religieuse ou idéologique et l’information sera d’autant plus plausible qu’elle consolide le système de pensée (ou théorie) qui abonde dans le sens de cette croyance.

Le deuxième aspect est l’information pour elle-même, qui peut être vraie même si la source est honnie. Ainsi, « ce n’est pas parce qu’Hitler a dit que l’Angleterre est une île que l’Angleterre n’est pas une île » : même des leaders d’opinion les plus contestables ne sont pas à l’abri d’émettre des vérités ! Pour appréhender la véracité d’une information, deux moyens sont possibles : aller la vérifier par soi-même (mais cela suppose des moyens logistiques et du temps) ou la recouper par d’autres sources primaires (les sources primaires sont celles ayant été en prise directe ou témoin de l’information, les sources secondaires sont celles qui ont relayé celle-ci, en faisant confiance à la source primaire). Et il convient de ne pas tomber dans le piège suivant : recouper une information par des sources secondaires issues d’une unique source primaire : c’est ce qui s’est produit lors la pseudo identification de Xavier Dupont de Ligonnès en Angleterre en octobre 2019 : la source primaire, une police locale, n’a pas été mise en doute par la plupart des medias pris dans une course au scoop (voir ICI).

Les opinions, les croyances, les théories du complot et l’esprit critique

Qu’on se le tienne pour dit : l’esprit humain, et a fortiori son intelligence, n’ont jamais eu vocation à rechercher la vérité pour elle-même. Les mécanismes cérébraux tendent vers un but unique : augmenter sa zone de confort, qu’il soit physiologique, psychologique ou matériel. Cela peut se traduire également par augmenter sa sphère de pouvoir, étant entendu qu’elle est en soi vecteur de confort. Les stratégies que le cerveau met au point peuvent s’affranchir des réalités (qui du reste ne sont pas toutes connues) pour établir un récit logique. Par exemple, il n’est pas rare que des enfants culpabilisent du fait que leurs parents se séparent, quand bien même ils ne sont pas en mesure de connaitre les raisons profondes de la séparation. Ils retournent donc la responsabilité vers eux-mêmes car ils sont à leurs propres yeux la seule clé explicative de la disruption de la continuité de la vie familiale, ayant pu à certains moments provoquer de la colère chez leurs parents. C’est un schéma de pensée qui, s’il peut être douloureux, n’en est pas moins justifié dans l’optique de préserver son intégrité psychique et de donner un sens à ce qui arrive compte tenu des éléments dont on dispose.

Ce que l’on nomme souvent « théories du complot » relève du même processus : relier et interpréter des faits réels ou supposés pour proposer une vision d’une histoire en cours. A ce stade, il faut néanmoins préciser que les complots existent et ont existé dans l’Histoire : il est arrivé que des minorités se soient entendues pour imposer des politiques à des majorités. On a d’ailleurs récemment fait référence à de nombreuses reprises aux accords de Sykes-Picot (à l’origine du tracé de frontières du Proche Orient pour délimiter des zones d’influence). Dans le monde de l’intelligence économique, il est souvent constaté que les Etats-Unis font en sorte d’avoir des collusions fortes entre services de renseignement d’Etat, entreprises et administrations pour s’approprier des entreprises étrangères. Cela ne pourra cependant jamais être formellement prouvé, puisque les éléments cruciaux sont du domaine des secrets d’Etat : aussi, les récits qui en sont fait peuvent s’apparenter à des « théories du complot ». L’exemple d’Alstom cédé pour sa partie stratégique à General Electric est à présent bien connu, notamment grâce à Frédéric Pierucci qui a pu analyser de l’intérieur les processus en jeu, ayant été lui-même l’objet de pressions de la part du Department Of Justice américain dont le but n’était probablement pas de faire émerger la seule Justice. Mais encore une fois, il est difficile de le prouver selon un protocole scientifique.

Il ne faut pas croire que les théories du complot sont l’apanage de « autres ». Sur l’exemple de l’épidémie du COVID-19, les chinois comme les occidentaux se sont rejetés la balle de la responsabilité de l’origine du virus. Le 13 mars 2020, l’Express titrait que « Pékin accuse sans preuve les Etats-Unis d’avoir apporté le virus en Chine » (ICI), alors que le 15 mars 2020, BFM relayait : « Die Welt [l’un des plus grands quotidiens allemands] accuse Trump de vouloir s’accaparer un éventuel vaccin juste pour les États-Unis » (ICI). Il faut ainsi remarquer à ce stade que dans les deux cas, les preuves manquent tout autant mais que le style du récit est différent : dans le premier cas, il s’agit d’une manœuvre grossière du gouvernement chinois, dans le second cas, on se base sur des rencontres dont on ne connait pas la teneur pour faire des suppositions.

Quid du fact checking (vérification des faits) ?

La population mondiale et a fortiori occidentale atteint des niveaux d’éducation sans précédents dans l’histoire de l’humanité (34% de la population française est diplômée de l’enseignement supérieur, même si cela ne veut pas dire qu’elle est supérieure en dignité…). Mais cela ne signifie pas que les gens sont par principe critiques vis-à-vis de l’information qu’ils reçoivent. En effet, la masse d’informations disponible ayant particulièrement augmenté avec les technologies, alors que le temps disponible pour les traiter ainsi que la configuration du cerveau n’ont pas subi la même trajectoire. Par ailleurs, même sans parler d’informations délibérément fausses, même les moins naïfs peuvent se faire avoir par des trolls et canulars. Le fact checking s’est au début défini comme une méthode de journalistes pour vérifier des faits, dans le but qu’eux-mêmes ne soient pas « intoxiqués » par des faits « alternatifs ».

Autre piège dans lequel il ne faut pas tomber, et dont le COVID-19 a illustré la réalité : la bataille d’experts. Les avis contradictoires font partie de la parole publique et ne doivent pas être considérés comme des « fake news »  par les parties adverses. A une échelle mondiale, les organismes faisant autorité en matière de santé publique sont au moins aussi nombreux que les pays. Aussi, l’article de CheckNews, service de fact checking du quotidien Libération « Covid–19 : Pourquoi plusieurs pays européens contredisent-ils la mise en garde d’Olivier Véran contre l’ibuprofène ? » (ICI) présente un débat que personne ne peut arbitrer à ce stade étant donné qu’il s’agit d’avis divergents d’experts.

De nombreux médias ont mis au point des politiques de fact checking. L’AFP informe sur ses techniques (ICI) reposant sur des règles déontologiques et des outils techniques du web. Google News Initiative, sur lequel nous avions fait un billet, met à disposition de tout un chacun des outils de vérification basés sur le web.

Cela dit, il faut être conscient des effets pervers de certains procédés qui se réclament fact checking. Dans cette veine, le journal Le Monde propose le Decodex (ICI) : il s’agit d’un moteur de recherche de sites ou d’extensions de navigateur qui peuvent s’installer sur Chrome ou Firefox et qui ne proposent pas de vérifier des faits, mais de qualifier des sources. Dans le cas des extensions, elles attribuent un code couleur de confiance aux sites Internet sur lesquels les internautes consultent de l’information. Le problème est que cette méthode ne permet pas de démêler le vrai du faux, mais juste de « blacklister » des sites, puisqu’un site non approuvé peut tout à fait énoncer des faits véridiques, comme un site approuvé peut énoncer des « fake ». Il semble donc que l’initiative Decodex serve davantage à positionner Le Monde comme garant des « bonnes » sources d’information, avec un conflit d’intérêt extrêmement problématique : le journal serait alors juge et partie. Il semble que CheckNews de Libération soit plus honnête en donnant des réponses de journalistes aux questions des abonnés au cas par cas après enquête.

Conclusion : on ne peut faire l’économie de s’éduquer au traitement de l’information

Il est clair que l’émetteur de l’information, qu’il en soit à l’origine ou qu’il en soit un relai, a une intention dans le fait de diffuser : ce n’est pas juste « informer », mais bien plus souvent créer ou partager une émotion : peur, dégoût, colère, envie, joie, etc. Or si l’on souhaite conserver un rapport honnête vis-à-vis de l’information, notamment pour l’utiliser dans le cadre d’une analyse, la seule question qui devrait nous tarauder est la suivante : est-elle vraie ou non ?

Il est notable que dans les affaires mêlant le site Wikileaks et son fondateur Julian Assange, et qui constituent un véritable feuilleton depuis 2010, très peu de sujets ont évoqué la véracité et les implications des informations révélées par rapport au sujet tellement secondaire « Julian Assange est-il quelqu’un de bien ?». Car quand bien même ce ne serait pas le cas, l’Intérêt Public sera toujours concerné par la seule question : ce qui a été révélé par Wikileaks, est-ce vrai ou non ?

Aussi, et comme nous l’avons vu, les pièges sont nombreux pour atténuer les effets d’informations, masquer leurs implications ou dévier leur intérêt. Quels que soient les artifices techniques que l’on place entre une information brute et un récepteur de cette information, il est important d’émanciper chacun de la naïveté. L’éducation doit demeurer permanente à mesure que la complexité des canaux d’information et des systèmes de transmission évolue.

Mais la bonne nouvelle est qu’il suffit au final de respecter quelques principes simples : bien distinguer la source d’information de l’information brute. Et arbitrer entre le degré de confiance que l’on peut accorder à la source avec le niveau de recoupement qu’on peut obtenir pour l’information brute par rapport à une source primaire. Et il faut impérativement procéder par ces deux approches simultanément pour tenter de s’approcher de la vérité.

 

La finalité d’un processus de veille n’est pas une question si évidente qu’il n’y parait. L’Intelligence Economique est souvent encline à situer la veille au service des volets offensif et défensif d’une stratégie, laquelle sert une politique ou une vision constituée d’objectifs de moyen et long termes. Il faut remarquer que notre époque questionne cette approche.

En effet, lorsqu’on est sur une période de faible variabilité des rapports de forces sur un marché (nombre limité de nouveaux entrants et parts de marchés stables des acteurs principaux), qui comporte peu de changements de règles du jeu (législation, réglementations, normes et usages), on peut bâtir une stratégie de long terme visant à garder ses positions ou à pénétrer le marché. Notons que dans ce cas de figure, on a affaire à des stratégies souvent focalisées sur la conquête de marché.

Or, s’il est vrai que sans stratégie rien n’est envisageable, de nombreuses entreprises sont à présent mises dans un bain concurrentiel mondial, qui les incitent davantage à opter pour des comportements de survie, selon deux axes principaux : innover et afficher une rentabilité actuelle ou future. Progressivement, vendre des produits devient secondaire (du moins dans un premier temps) : ce qui compte avant tout est de rassurer les investisseurs ou actionnaires (l’exemple d’Amazon est éloquent à ce titre, voir ICI). Au travers d’innovations présentées comme disruptives, ces parties prenantes se sentent rassurées, notamment en anticipant des profits substantiels à une échéance palpable. Dans le même temps, une partie croissante de la valeur des produits est transférée vers la réputation de la marque, assurant parfois des positions dominantes mais présentant également des vulnérabilités accrues aux attaques informationnelles.

Depuis la fin des années 1970, les différentes phases de mondialisation et les technologies de l’information ont modifié considérablement le jeu économique par la multiplicité des acteurs et un accès démocratisé à une information surabondante. Aussi, dans l’économie actuelle, la veille se voit affublée d’une double injonction : alimenter la stratégie et alimenter l’innovation. A notre niveau, nous notons un glissement souvent (mais pas toujours !) significatif vers le deuxième aspect. Autrefois vue exclusivement comme un outil d’aide à la décision, la veille devient davantage un outil d’aide à l’innovation et de stimulation de la créativité.  Dans les deux cas, il s’agit d’alimenter les processus internes de l’entreprise, à des niveaux différents, avec des informations utiles, ayant passées des filtres rigoureusement paramétrés. A ce jour, et en attendant l’homme « augmenté » promis par les tenants du transhumanisme ou l’Intelligence Artificielle de niveau 5, des outils techniques tels que ceux que nous proposons (voir ICI) ont toute leur raison d’être. En effet, rechercher de l’information coûte un temps et une énergie précieux qui seraient sans doute bien mieux mobilisés dans des activités où il est difficile de gagner du temps et où l’humain est la clé de voûte : l’analyse, la mise en perspective et l’inspiration.

S’il y a eu une époque où la rétention d’information pouvait assurer des positions dominantes, nous sommes désormais entrés dans une ère où l’information est disponible si tant est que l’on abatte la barrière de complexité qui nous en sépare. Et nous ne sommes pas encore entrés dans une ère où l’appropriation de l’information, qu’elle soit analytique ou symbolique, revient aux machines. L’Homme reste aux commandes de la finalité du processus de veille.

Dernièrement, une série d’articles issus du blog « Outils Froids » de Christophe Deschamps ont retenu notre attention. Christophe  y partage sa méthode où il met à profit deux outils de mindmapping (l’un payant : Mindmanager, l’autre gratuit : Freeplane) pour exploiter des articles issus du web, après une conversion au format PDF et un classement dans des dossiers identifiés. Intitulés « Mieux exploiter l’information issue de la veille avec le mindmapping », ces articles peuvent se consulter ici, ici ainsi qu’ici.

Pour poursuivre la réflexion, il est possible d’utiliser un autre outil de mindmapping nommé « Docear », gratuit, open source et basé sur Freeplane (téléchargeable ici, un bémol : l’ensemble du logiciel et de la documentation est en anglais !). Cet outil a été conçu à la base pour gérer de la littérature académique et les références s’y rattachant.

Si l’on couple Docear à un lecteur de PDF qui donne la possibilité de réaliser des surlignages et des commentaires dans les documents (nous utilisons par exemple « PDF XChange Viewer, gratuit et téléchargeable ici), il sera alors possible d’afficher directement dans la carte mentale (ou « mindmap ») l’ensemble de ces surlignages et commentaires. On a ainsi la possibilité d’afficher uniquement ce que l’on considère comme essentiel, la carte mentale obtenue contenant presque uniquement les informations que l’on souhaite exploiter.

Comment procéder ?

Dans Docear, il faut d’abord faire « Create a new project » et donner lui un nom, puis enregistrer la carte vierge à laquelle vous aurez également donné un nom (ici : « Veille X »).

Puis liez au nœud principal de la carte mentale un dossier contenant les PDF que vous souhaitez exploiter en faisant un clic droit, puis « Monitoring/Add Monitoring Folder ». Et pointez sur l’emplacement du dossier concerné.

L’importation des fichiers se fait, avec des hyperliens (au niveau d’icônes « PDF ») permettant d’accéder directement aux fichiers depuis la carte mentale. (Notons qu’un message en rouge apparait concernant des défaillances de la fonction d’importation des annotations. Cependant, cela n’a pas été constaté à notre niveau pour l’instant.)

Voici par exemple ce que cela donne avec 5 articles ayant été convertis en PDF. Outre que le nom du document apparait à droite d’icônes « PDF », certains éléments des articles peuvent également apparaitre (notamment des titres et sous-titres s’ils sont reconnus comme tels).

Si l’on décide d’exploiter le premier article, il faut l’ouvrir dans notre lecteur PDF XChange Viewer et y apposer des surlignages (ici en jaune) et commentaires. Ne pas oublier au terme de l’exploitation de chaque PDF de procéder à son enregistrement, actant ainsi les modifications apportées.

Ceci fait, cliquez au niveau du nœud principal de la carte sur la double flèche bleue permettant de rafraichir les liens vers le dossier surveillé.

On a alors l’ensemble des éléments ajoutés dans le PDF qui apparaissent au niveau N+1 du nœud relatif au document exploité.

En cliquant sur l’icône précédant le texte de chacun des éléments rajoutés, il est alors possible d’aller directement au niveau des éléments de texte sélectionnés dans le cœur du document. Cette fonctionnalité s’avère pratique lorsque l’on exploite des documents volumineux tels que des rapports, articles scientifiques, thèses, etc. en plus des articles quotidiens issus de sa veille. Notons que le texte des nœuds ajoutés automatiquement suite au surlignage entre d’un bloc dans la carte mentale, avec le saut de ligne automatique du PDF conservé. Si l’on veut par la suite les exporter en citations par copier/coller, l’application « Ditto » pourra se révéler bien utile.

La nature de l’information et le cycle de la veille

26 Avr 2018, Posté par adminviedoc dans Actualités

Donnée, information, connaissance : une distinction artificielle…

Prenons le cas du chiffre d’affaires d’une entreprise A. Il intervient dans le calcul du PIB et il s’agit alors d’une simple donnée pour l’INSEE. Lorsque ce chiffre d’affaires arrive sur la table d’un concurrent B de l’entreprise, ce dernier y verra une information qui, compilée avec d’autres, permettra à B d’évaluer son positionnement en volume sur le marché. Enfin pour l’entreprise A elle-même, il s’agit d’une connaissance, en l’occurrence celle de ses performances commerciales propres sur une année.

Peut-être cet exemple semble simple, basique. Mais il en va de même pour des sujets plus complexes car il est une constante : le degré d’intérêt pour une information est intimement lié à qui la reçoit et pour quel usage : action, non action, réaction, analyses, ou simplement le fait de susciter une émotion (joie, peine, colère, dégoût en particulier). Aussi, nous parlerons d’« information » pour désigner tout message susceptible de transiter d’un être humain à un autre et plus généralement d’un système de décision à un autre. Au passage, il devient commun que des décisions soient prises par des systèmes techniques à l’exemple du pilote automatique des avions de ligne ou du trading haute fréquence dont les décisions sont issues d’algorithmes.

Données, informations et connaissances n’ont aucune valeur en soi : seuls comptent les effets qu’elles produisent sur les acteurs économiques.

 

…alors enfonçons une porte ouverte : il y a les informations qui obligent et les autres !

Le cycle de la veille ne peut être pertinent qu’au regard d’une stratégie d’entreprise, où celle-ci souhaite avoir des réponses à certaines questions, en particulier sur l’environnement économique, technologique (innovations en particulier), juridique ou sociétal.  Si l’on regarde l’information par le prisme du cycle de la veille (1-collecte, 2-exploitation, 3-diffusion, pour faire court), on peut définir trois grandes catégories d’informations. Celles qui amènent directement à la décision (et leur fiabilité ne fait pas de doute), celles qui doivent être réinjectées dans le cycle pour des traitements plus ou moins longs (recoupements, mises en perspectives, analyses et synthèses), et celles qui ne servent pas et qui doivent interroger sur la constitution du sourcing (ie base de référence des sources qu’il convient de faire vivre en permanence).

L’articulation entre stratégie d’entreprise et plan de collecte de l’information est essentielle car aucun des deux ne peut se passer de l’autre. Une stratégie sans veille équivaut à des décisions prises sur la base de l’intuition des dirigeants, lesquels ne peuvent avoir une vision complète de leur marché tant la complexité est souvent le corolaire de l’économie globalisée. Un service de veille qui n’a pas vocation à aider la décision, ou a minima de soutenir l’innovation,se cantonne à un système d’archivage.

La veille ne peut donc pas être un processus sans sujet. Elle s’adapte aux questions des dirigeants et aux besoins des acteurs de l’entreprise. Elle est par nature instable et permet à l’entreprise d’opérer les bons mouvements vers sa croissance ou la défense de ses intérêts.

Activité devenue incontournable pour toutes les entreprises, la veille se pratique de différentes manières et à différents niveaux d’intensité. Elle se décline en fonction de la taille de la structure, de sa culture mais aussi des marchés visés et des menaces identifiées. L’un des intérêts les plus reconnus de la veille est sa contribution à l’innovation.

Les entreprises ont besoin d’innover en permanence pour rester pérennes et compétitives sur leur marché, notamment dans la production de biens physiques ou de technologies. L’adaptation aux nouveaux procédés doit se faire très rapidement pour épouser les besoins ou aider à pénétrer des marchés encore inexploités et sources de croissance.

Dans le but de rester proactif, la mise en place d’un processus de veille peut commencer par une surveillance récurrente des concurrents, au niveau de leurs pratiques, organisations, développements, ainsi que des lancements de nouveaux produits ou services.

Réaliser une veille brevet, certes plus pointue mais tout aussi essentielle, permettra de surveiller les innovations déposées par ses concurrents, les concepts émergents, ou de détecter de nouveaux acteurs qui arrivent sur le marché.Il faut cependant être conscient que le dépôt de brevet n’est pas systématique: certaines stratégies industrielles conduisent à ne pas entrer dans ce système, et à garder les « secrets de fabrication » en interne.

Qu’il y ait une cellule de veille implantée ou non, la veille technologique permettra ainsi à l’entreprise d’ajuster sa stratégie en remontant d’importantes informations aux services de R&D et aux collaborateurs qui participent de près ou de loin aux activités d’innovation et de développement.

Enfin réaliser une veille réglementaire peut aussi s’avérer très utile pour se conformer aux lois, certifications, normes en cours, voire pour donner un avis technique lors de leur élaboration . Ainsi, l’entreprise sera positionnée en amont de tout changement pouvant affecter l’activité, et pourra donc sécuriser ses innovations et orienter ses décisions en connaissance.

Pour résumer, les avantages du couple “Veille/Innovation” ne sont aujourd’hui plus à prouver !

Ils tiennent en 4 points

  1. s’adapter aux attentes des clients/investisseurs et même les anticiper
  2. éveiller la créativité et créer une dynamique d’intelligence collective au sein de ses équipes
  3. capter des signaux que les concurrents ne saisiront pas nécessairement
  4. se baser sur les politiques d’aide à l’innovation et optimiser leurs mises en place

La veille et le Gestionnaire de Communauté

16 Mai 2017, Posté par adminviedoc dans A la une, Conseil

À l’heure où la veille vient s’imposer comme une activité clé dans les processus de décision, elle fait aussi partie des nombreuses compétences du gestionnaire de communauté, et ce à plusieurs égards:

  • La veille lui permet d’innover dans sa stratégie de contenu

Afin de capter l’attention des internautes, le Gestionnaire de Communauté devra en effet redoubler de créativité dans sa stratégie de contenu. La veille pourra l’aider dans cet objectif, par la surveillance des actualités (grâce aux opérateurs de recherche, flux RSS, newsletters, réseaux sociaux, alertes, etc) et devenir une source d’inspiration pour enrichir sa ligne éditoriale.

Elle pourra aussi être utile pour observer ou mettre en plac
e de nouvelles pratiques et affiner son rôle. William Troillard nous en dit plus sur le sujet dans cet article:
“https://blog.comexplorer.com/community-manager-bonnes-pratiques”

  • La veille donnera une portée stratégique à l’activité du Gestionnaire de Communauté

Elle peut alors devenir indispensable dans sa mission à des fins de surveillance e-réputationnelle ou documentaire, pour analyser les mouvements sur les réseaux sociaux et leurs impacts sur l’entreprise.

Le Gestionnaire de Communauté peut ainsi remonter des informations non-négligeables aux services de vente ou de production par exemple.

Les profils des internautes, leurs commentaires, likes, partages ou réactions, sont indispensables pour examiner la notoriété de l’entreprise et y apporter des corrections/ ajustements. Une mauvaise réputation en ligne peut avoir de graves conséquences sur le bon développement de l’entreprise et sa surveillance est essentielle.

La surveillance des réseaux sociaux peut aussi permettre de capter des informations concurrentielles (profils, contenu partagé, commentaires…) et technologiques (nouveaux produits, lancements…) et être très utile aux équipes de Communication/Marketing et de R&D.

Le gestionnaire de Communauté peut ainsi prendre en charge une partie de cette veille et participer à l’intelligence collective.

Veille & CM

  • La veille lui permettra de se tenir à jour des nouveautés en matière de réseaux sociaux ou d’outils de communication.

Facebook, Twitter, Youtube ou encore LinkedIn n’ont  plus de secrets pour les entreprises. Qu’en est-il des autres canaux/réseaux? StumbleUpon, WhatsApp, Snapchat… À chaque activité son réseau social, et il est important de bien savoir sur lesquels il sera utile de communiquer. Le Gestionnaire de Communauté doit donc se tenir informé des outils utilisables pour l’entreprise, de leur fonctionnement, et ultimement proposer leur mise en place si nécessaire.

D’autres outils peuvent également être intéressants à découvrir pour le travail collaboratif (Evernote, Slack), la surveillance et la programmation de posts (Hootsuite), la surveillance des actualités (outils de veille, Google Alerts).

Que ce soit donc pour apprendre de nouvelles fonctionnalités sur des réseaux existants, découvrir de nouvelles plateformes sociales, ou s’outiller pour mieux exercer sa fonction (maîtriser les outils de recherche et d’informations), la veille sera un moyen efficace d’y parvenir. Le Journal du CM vous présente quelques outils ici: “La veille du Community Manager et tous ses outils !”)

Le veilleur en entreprise, un commercial itinérant !

25 Oct 2016, Posté par adminviedoc dans A la une, Conseil

Lorsqu’on pense à un veilleur (ou une veilleuse), on image une personne avec des connaissances et compétences bien particulières : de la curiosité, une capacité d’analyse poussée, un fort intérêt pour les nouvelles technologies, la maîtrise de plusieurs langues étrangères, un esprit de synthèse redoutable…

Mais le veilleur doit être avant tout et surtout quelqu’un à l’écoute et un bon communiquant.

Au sein d’une entreprise, la veille ne peut exister que si les collaborateurs y voient un intérêt réel. La veille ne peut perdurer que si elle est consommée.

Dès lors, même si l’amélioration continue de l’organisation de la veille, la réévaluation régulière des besoins et attentes des utilisateurs sont des étapes primordiales, il convient aussi que le veilleur soit un bon communiquant (pour ne pas dire un bon commercial) allant de services en services pour défendre sa valeur ajoutée.

Pour cela, le veilleur dispose de plusieurs armes qui sont les siennes !

D’abord, l’information…
Avec sa maitrise des moteurs de recherche, ses accès privilégiés à des bases de données, son réseau, le veilleur s’avère être un formidable relais d’informations. En complément de newsletters ou d’études de fond, rien n’est plus vecteur de promotion que de distiller des informations soigneusement ciblées, propice à ouvrir les autres vers le monde extérieur. On reprend là les fondements même de l’intelligence économique, à savoir : diffuser la bonne information à la bonne personne au bon moment pour prendre la bonne décision.

Ensuite, son outil de veille…
Il existe aujourd’hui de nombreux outils de veille à des coûts très variés et disposant chacun de fonctionnalités bien spécifiques. Lorsque l’on choisit un outil, l’étape essentielle consiste à définir précisément ses besoins : Pour qui ? Pourquoi ? Comment ? …
Mais l’outil de veille peut être aussi un excellent support de communication et d’appropriation de la démarche de veille au sein de l’entreprise. Certains outils, plus récents sur le marché ont été conçus dans une optique de déploiement rapide avec des espaces accessibles à tous, qu’ils soient experts en veille ou non.
En libéralisant ainsi l’accès à l’information, le veilleur n’est plus vu par ses collègues sous l’angle du « privilégié » (en étant le seul à avoir accès à certaines informations) mais plutôt comme un chef d’orchestre qui facilite son accès à tous.

Enfin, l’humain
On a tendance à l’oublier parfois mais la principale force du veilleur, c’est avant tout lui même. Le veilleur ne (re)trouvera sa notoriété et sa crédibilité qu’en remettant l’humain au cœur du processus. Qu’il soit prestataire ou consultant interne, le veilleur doit une partie de sa survie dans son aisance relationnelle. Il devra pour cela développer une véritable stratégie marketing fondée notamment sur le bouche à oreille. En tentant de satisfaire au mieux les clients, ces derniers deviendront les meilleurs prescripteurs ! Pour cela quoi de mieux que de les impliquer en collectant régulièrement leurs avis, en mesurant ce qui marche et ce qui ne marche pas, en leur proposant des services toujours plus personnalisés.