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De la Veille Concurrentielle à la Veille Commerciale

14 Avr 2016, Posté par adminviedoc dans A la une, Etudes

Les entreprises opèrent maintenant dans un environnement où l’information est abondante et facilement accessible au public.

Du fait du développement d’Internet, les tendances du marché, la législation, les clients, les fournisseurs, les concurrents, les distributeurs, les lancements et nouveaux développements de produits sont à portée de clic. Les moteurs de recherche, la documentation en ligne, les sites Web, les blogs et les réseaux sociaux fournissent une information d’autant plus accessible que les fournisseurs d’information ont fait des efforts pour favoriser la consultation sur de multiples formats pour s’adapter aux usages (tablettes, mobiles, etc).

Et pourtant…
Malgré cette manne, l’information vraiment précieuse (la plus utile), reste difficile à trouver en ligne.

La veille concurrentielle est tout particulièrement concernée, les informations recherchées étant considérées par la plupart des professionnels comme parmi les plus difficiles à acquérir. Leur collecte nécessite souvent l’accès à un consultant en Intelligence Economique ou à un expert marché, qui saura recueillir les informations directement chez un concurrent ou à travers des sources indirectes.

Les informations techniques (produits ou process) en particulier évoluent rapidement (et restent confidentielles), sont souvent mal documentés et nécessitent donc l’œil d’un spécialiste pour reconstituer l’information. Cette information très technique, spécifique, est donc considérée comme stratégique, et ce faisant d’une réelle utilité pour les décideurs. Mais elle nécessite l’expertise d’un veilleur professionnel spécialisé.

La veille concurrentielle est parfois confondue avec la veille commerciale. C’est cependant un terme plus précis, se référant spécifiquement à l’information glanée sur les concurrents d’une entreprise donnée.

Les_cinq_forces_de_porter

Les 5 Forces de Porter, qui résume schématiquement l’environnement concurrentiel de l’entreprise. Il met en perspective les menaces concurrentielles et fait ressortir les avantages distinctifs de l’entreprise.

La SCIP (Strategic and Competitive Intelligence Professionals, www.scip.org) la définit de la sorte :
« La collecte légale, éthique et l’analyse des informations concernant les possibilités, vulnérabilités et intentions d’une entreprise concurrente. »

La Veille Concurrentielle est en fait un type spécifique de Veille Commerciale. Toute prestation de Veille commerciale devrait toujours inclure des aspects de veille concurrentielle comme partie intégrante du service.

Mais alors qu’est ce que la veille commerciale ?

Le terme « Veille Commerciale » traduit par Wikipedia comme «Market Intelligence» est relativement méconnu en France, et souvent assimilé à un travail d’investigation.

Wikipedia (Anglais) définit la Market Intelligence comme :
« L’information liée aux marchés de l’entreprise, recueillie et analysée spécifiquement dans le but d’une prise de décision en confiance, déterminant les opportunités, la pénétration stratégique, et les données statistiques de développement. »

Tandis que Wikipedia (France) traduit la veille commerciale comme :
« Consistant en la collecte, le traitement et la diffusion des informations sur les produits et les marchés. »

La Veille commerciale consiste donc à recueillir un type d’information facilitant la prise de décision d’affaire. Il comprend la collecte systématique, la capitalisation, l’analyse et l’interprétation des informations sur le marché, mais aussi des concurrents (veille concurrentielle) et des clients d’une entreprise.
Selon l’étude menée en 2008 par DVL Smith et JH Fletchers sur la convergence des enquêtes d’études de marché et de la veille commerciale, il semble que n’étant plus une activité quasi-académique dédiée au processus de prise de décision, elle se concentre désormais sur l’amélioration de la qualité des décisions d’affaires.

En pratique, la Veille commerciale correspond à toute recherche préalable à l’évaluation du marché, conçue pour aider une entreprise à aborder un nouveau marché, améliorer, ou bien confirmer sa présence sur un marché existant. Cela concerne l’analyse du marché, de la concurrence, des produits ou services de substitution et les prévisions de croissance : L’environnement du marché dans son ensemble.

La Veille Commerciale peut être pratiquée par un cabinet de veille et d’intelligence économique, ou bien en interne (cellule de veille). Une fois les données compilées et le rapport rendu, le document est diffusé en interne, généralement auprès de la direction, et parfois de façon informelle.

A ne pas confondre avec la Business Intelligence

La Business Intelligence (BI) (« Informatique décisionnelle ») est aussi un terme parfois utilisé de manière interchangeable avec la Veille Commerciale, à tort. La Business Intelligence en effet se réfère à l’ensemble des informations utilisées par une société pour faciliter sa prise de décision, mais limitées aux données relatives à l’entreprise elle-même, plutôt qu’à son environnement.

La BI inclut donc des données de ventes, de production, des données financières, recueillies en interne, notamment en faisant usage du Big Data, les donnés stockées en cloud. La BI est donc généralement étroitement liée aux indicateurs clés de performance des entreprises (En anglais KPI : key performance indicators).

En conclusion

La Veille commerciale peut être utilisée pour aider chaque décision à laquelle doit faire face une entreprise. L’objectif primordial cependant, est d’aider à la croissance de l’entreprise (pour augmenter ses revenus, bénéfices, ou parts de marché). On parle donc ici d’un certain retour sur investissement (ROI) sachant que le montant dépensé pour la collecte d’information peut générer plusieurs fois ce même montant en recettes et clients supplémentaires, ou éviter à contrario une coûteuse décision d’investissement non rentable.

Les enjeux liés à la veille commerciale sont donc variés :
– S’introduire sur un nouveau marché/extension (opportunités)
– Minimiser le risque de décision d’investissement
– Obtenir un avantage concurrentiel en étant le premier arrivé sur un marché
– Evaluer les besoins des clients pour une offre produits/services adaptée, et élargir ses parts de marché.
– Etre en mesure de proposer des produits ou services sur mesure à des groupes de clients cibles

Aussi bien pour la curation que pour la création de nouveaux contenus, l’analyse concurrentielle est un aide précieuse pour améliorer ses performances sur le long terme, et à de nombreux échelons. Selon le schéma itératif classique, il est bon en effet de prendre en compte les données issues des contenus précédemment partagés, de les analyser, et de les confronter aux pratiques de ses concurrents ou de son domaine pour s’améliorer.

Le principe:

L’idéal est de mettre en place une veille, qui va permettre de:
-Déceler de nouveaux contenus (idées)
-Déceler les contenus qui ont marché (également chez les concurrents)
-Déceler les tendances (pour rebondir)
-Trouver des domaines peu explorés (pour y gagner une visibilité facile)
-Déceler les bonnes pratiques (méthodes, pour s’améliorer)

Le bénéfice peut être direct: Curation, ou indirect: idées de création d’articles, amélioration du SEO, de la rédaction, de l’engagement.

Les outils de surveillance en amont
Pour monter une véritable « station d’écoute », la veille peut se faire en utilisant Google Alerts (en complément) pour les actualités en vogue du moment, Social Mention pour les réseaux sociaux (qui inclus des rapports de suivi par Email) ou encore Nuzzle ainsi que d’autres gratuits comme Twazzup, Addictomatic, Klout, Tweetreach, Howsociable, IceRocket, Tweetdeck, Mention, Twitonomy, SumAll… On peut aussi passer la vitesse supérieure et monter sa propre plate-forme de veille sur RSS Monitoring, aussi bien pour surveiller un unique concurrent, ou pour tout domaine de manière centralisée, écoutant le web en général, les réseaux sociaux, les newsletters, voire la documentation qui circule sur internet.

Sur le plan SEO (référencement), on peut également trouver les meilleurs contenus (ceux qui attirent le plus de trafic) sur Ahrefs, avec Google Search en backup. Ahrefs permettra également de trouver tous les liens pointant vers vos concurrents (et donc les personnes qui les ont partagées), ou en alternative Majestic SEO et Open Site Explorer. Le but étant de joindre directement ces personnes par mail en leur proposant un contenu supérieur ! Il peut aussi être utile avant même d’envoyer ces mails de tester le pagerank (http://www.test-pagerank.com/) de ces sites pour ne pas perdre son temps. Le taux de succès moyen se situe autour de 10%, cela vaut donc la peine de rédiger un mail-type !

Trouver des idées de sujets
La surveillance des conversations peut s’effectuer sur des plate-formes aussi diverses que Quora, LinkedIn Groups, en surveillant les commentaires de blogs, forums spécialisés, ou encore Google Local. Le résultat de ces recherches est précieux car il permettra de déceler les expressions-clés les plus utilisées par le public, une mine d’or sur le plan du SEO car on pourra y faire correspondre les titres de ses contenus ou orienter une curation. C’est également très pratique pour déceler des tendances. Il y a encore bien d’Autres idées pour trouver des idées de sujets.

Trouver les contenus qui ont le mieux fonctionné
En complément pour une veille sur les réseaux sociaux on peut citer des outils tels que TopTweet et Keyhole (Twitter) et pour ses propres statistiques des outils comme LikeAlyzer, FanPage Karma, ou bien SocialRank ou FollowerWonk pour suivre ses abonnés. Pour avoir une vue d’ensemble plus importante encore, Buzzsumo pour trouver les meilleurs contenus partagés sur chaque requête, par réseau social, mais surtout en montrant les influenceurs, ceux qui ont partagés ces contenus. Ces outils peuvent servir a créer de nouveau contenus, republier un contenu qui à marché avec un nouvel éclairage, ou encore « recycler » un contenu à soi qui a eu du succès, dont un aspect est remanié ou amélioré.

Et pour aller plus loin, ne pas oublier une veille SEO

En complément d’un outil de veille et d’outils gratuits de suivi des réseaux sociaux, il peut être utile de voir du côté des outils statistiques et d’analyse SEO pour voir l’impact de ses campagnes et s’améliorer.

SemRush ou MOZ font partie des plus utilisés, ils proposent un large éventail de possibilités sémantiques: Ils vont se pencher sur la crédibilité non seulement du site/blog mais aussi de tous les contenus partagés (réseaux sociaux) et peser leur pertinence par mots-clés, via des charts et des rapports (outils accessibles en démo). En gratuit bien sûr et déjà très complets, il y a aussi Google Analytics et Google webmaster tools pour les éventuels problèmes techniques de sites/blogs. L’un des aspects essentiel de ces outils (pour Google c’est sur Google adwords) est de déterminer la popularité d’une requête de recherche qui va permettre de savoir si on est sur la bonne voie ou s’il on prêche dans le désert.

Enfin, pour boucler la boucle, encore de la veille !

Et on en revient à la première étape, cette fois pour déterminer les meilleures pratiques. Le but ici est de s’améliorer selon le principe vu plus haut. On veille pour trouver les idées, les contenus, on partage, puis on analyse, et enfin on essaie de s’améliorer. Un outil de veille permettant de surveiller les bonnes pratiques en SEO/SMO, Marketing, et différentes tactiques et stratégies adoptées à toutes les étapes permet de se situer, d’abord par rapport aux pratiques de ses confrères, mais aussi par rapport à ses propres objectifs et d’apporter des améliorations à sa prochaine création/partage de contenus.

Bonne veille !

 

Alors que la revue Archimag publiait dans son magazine d’octobre dernier la liste des éditeurs de solutions de veille ayant franchi le cap des dix ans, nous avons trouvé intéressant de se prêter au même exercice mais, cette fois-ci avec les sociétés de conseil en veille.

Et comme Viedoc [dont le cœur de métier reste toujours l’analyse des informations à forte valeur ajoutée par une équipe de consultants experts même si les outils de veille remportent aujourd’hui un réel succès] a soufflé ses 10 bougies elle aussi en septembre dernier, l’opportunité était trop belle pour la laisser passer !

En effet, même si de gros progrès ont été faits dernièrement sur les outils de veille avec notamment l’arrivée de nouvelles solutions plus simples et plus accessibles, il est toujours utile de replacer l’humain et sa capacité d’analyse au cœur du processus.

Il est vrai que la crise économique est passée par là et le métier de veilleur a subi lui aussi de profondes modifications!

Au cours de ces 10 dernières années, un grand nombre de prestataires en veille a tout bonnement disparu, d’autres se sont délocalisés, d’autres encore se sont diversifiés (community management, e-réputation…) ou ont évolué vers d’autres activités comme le financement de l’innovation, et l’accompagnement de projets.

 

2004 : un marché porté par la veille !
En 2004, le marché du conseil en intelligence économique qui regroupait une centaine de cabinets était estimé à 125 millions d’euros. Le segment de la « veille » était alors le plus développé.Dans ce domaine, les principales demandes des clients concernaient de façon classique la « surveillance de leur environnement », c’est-à-dire la veille technologique, stratégique ou concurrentielle.La typologie de la clientèle des cabinets de veille

A elle seule, l’activité « veille » concentrait ainsi 54 % des effectifs des cabinets spécialisés dans l’intelligence économique. Les cabinets présents sur ce créneau étaient structurés en deux catégories : les « spécialisés » et les « généralistes ».Les domaines de compétences des cabinets de veilleLa clientèle de ces cabinets était majoritairement issue des grandes entreprises. Les entreprises privées de 500 salariés et plus représentaient en effet 57 % de la clientèle en intelligence économique, et les pouvoirs publics 20 %.

2004-2014 : l’avènement de l’é-réputation et du collaboratif !
Avec le développement de l’intelligence économique en France, les problématiques de la veille concernent désormais tout le monde : État, collectivités et entreprises de toutes tailles.

De nouvelles exigences ont fait leur apparition avec le décollage de l’e-réputation, la mobilité et le collaboratif. Chacun peut désormais disposer d’outils pour faire sa propre veille, mais la difficulté réside à présent dans l’abondance des sources d’information et des données, ainsi que dans la multiplication des moyens de surveillance du web et de traitement de l’information.

Aujourd’hui le marché de la veille (éditeurs de solutions de veille et cabinets de conseil en prestations intellectuelles) se trouve stimulé par l’e-réputation et la veille commerciale. Une des grandes tendances repose sur le collaboratif avec l’émergence des réseaux sociaux d’entreprise (RSE) qui permettent de partager la veille avec l’ensemble des collaborateurs de la société pour aboutir à une intelligence collective et amélioration de la qualité des prises de décisions.Enterprise Social NetworkLe Groupe Serda avait déjà fait ce même constat dès 2010. La croissance du marché de la veille était déjà portée par les activités d’e-réputation (+32% sur l’année) et les activités de veille stratégique (+13%) tandis que les activités de veille technologique avaient souffert d’une baisse de 11,7%. Ces tendances se sont confirmées par la suite. En effet, d’après une étude de Press Index, les recherches en e-reputation sur les réseaux sociaux ont augmenté de 37% de 2011 à 2012, et de 16% sur le web éditorial.

 

Ainsi, au moment où l’enjeu de la veille en temps réel tend à faire oublier l’importance de l’analyse à forte valeur ajoutée, la veille semble se détourner de la R&D pour se rapprocher du marketing.

Il y a quinze ans, la veille technologique représentait 80% des études. Aujourd’hui, la veille technologique se fait plus discrète. Selon une étude récente sur les pratiques européenne d’intelligence économique (CiMI.com 2014), les veilleurs et analystes travaillent au profit du service marketing à 38% alors que le service R&D ne représente plus que 4%. De là, à faire le lien avec la baisse de nos entreprises au palmarès de l’innovation, il n’y a qu’un pas !

Avec le recul de la veille technologique et une offre d’outils qui revendiquent des pseudo-capacités d’analyse, n’est-on pas en train de perdre de vue la compétence métier. La question doit être posée.

Une chose est sûre, ne pas prendre le risque d’innover en temps de crise est un grand risque. Bien que la réduction d’un budget alloué à la R&D ait des effets positifs à court terme, les risques encourus pourraient être importants à moyen et à long terme pour une entreprise. En effet, le ralentissement dans le lancement de nouveaux produits pourrait déboucher sur le vieillissement des gammes de produits, et par conséquent, une perte inéluctable des parts de marché, car les clients opteront pour des marques plus novatrices.

In fine, c’est l’image de marque qui se trouve altérée, et à la fin de la crise, l’entreprise aura beaucoup de mal à rattraper son retard en termes d’innovation. Il est donc fort à parier que cette baisse de l’activité de veille technologique dans les entreprises n’est que temporaire, et probablement due au manque de visibilité des dirigeants quant à la sortie de crise.

Des perspectives de développement en France
Dans le Global Market Intelligence Survey 2013 menée par RV Conseil avec l’ensemble du réseau Global Intelligence Alliance, la France apparait comme largement en dessous de la moyenne mondiale en termes de dispositifs de Market Intelligence. Seulement 39% des entreprises en France disposeraient déjà d’un dispositif formel de MI, contre 68% au niveau mondial.

Aussi, même si les prestataires de services sont confrontés depuis quelques années à un ralentissement économique dû à la crise, il existe un potentiel de développement significatif pour ce marché…